Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

WHO CARES ?!

17 novembre 2012

La différence des sexes est-elle une question philosophique ?

Bannièreblog

 

 

Voici une petite khôlle de philosophie que j'ai eu le plaisir de faire cette semaine... J'ai trouvé le sujet très intéressant, alors même si ce que j'ai fait n'est surement pas parfait, je vous fais partager mes réflexions et considérations personnelles...

 

 

La différence des sexes est-elle une question philosophique ?

 

Comme l'a souligné Geneviève Fraisse lors de la conférence sur la différence sexuelle organisée dans le cadre de la semaine Citéphilo à Lille, il semble qu'aujourd'hui le mot sexe soit de moins en moins utilisé au profit des mots genre ou sexualité, à l'usage plus pratique. En effet, le mot sexe regroupe deux réalités qui peuvent empêcher une réflexion précise sur le sujet, puisqu'il recouvre en même temps un caractère biologique mais aussi l'ensemble des caractères secondaires induits par cette réalité physique, à savoir un certain comportement, une certaine place dans la société et surtout la possibilité de distinguer l'humanité à travers deux groupes : les hommes et les femmes.

Mais s'il suffisait de se déterminer sur le groupe auquel justement on appartient, pourquoi la différence des sexes serait un sujet autant aujourd’hui, et pourquoi pourrait-ce être une question philosophique, d'autant plus que la distinction s'établirait sur un constat objectif et donc peu porté la discussion : reconnaître son propre sexe. On peut donc se demander pourquoi la différence des sexes devient une question philosophique cruciale du fait qu'elle implique que le sujet se positionne sur son identification à travers la différence des sexes, alors que le rôle du sexe dans la construction de l'identité ne semble ni pertinent ni essentiel, en dépit des apparences.

 

  1. L'établissement de la différence des sexes impliquent la question de l'identité, ce qui en fait une question philosophie car l'identification est nécessaire pour fournir le cadre de la pensée.

 

Il convient dans un premier temps de se demander ce qu'est, à proprement parler, une question philosophique. Posons qu'il s'agit d'une question que le sujet se pose à lui-même sur ce qui compte, sur ce qui lui semble fondateur. Et c'est le cas de la question de l'identité, ce qui recoupe notre sujet. En effet, le sexe et la différence des sexes, qui s'établissent par l'expérience du sexe de l'autre, permettent la construction de son identité par la fixation d'un cadre biologique : le génotype et les organes génitaux ne sont pas les mêmes d'un sexe à l'autre. Une différence s'établit également sur le plan de la psychanalyse. Freud a en effet montré comment s'établissent, par le complexe d’Oedipe, la perception de son propre sexe, d'une manière aussi bien physique que psychologique, grâce aux jeux d'identification et de différenciation autour de la mère ou du père.

Mais la différence des sexes ne s'arrêtent pas à une différence biologique et ses conséquences sur le plan psychanalytique. La sexualisation de l'individu le fait pénétrer dans un espace symbolique et symbolisé dans lequel il trouve justement sa place par rapport à son sexe. On peut prendre l'exemple des sociétés kabyles dont a traité Pierre Bourdieu. Elles se construisent autour d'un principe qu'incarnent l'homme et la femme. Bourdieu remarque l'établissement de colonnes de contraire : le mou et le dur, le chaud et le froid, l'intérieur et l'extérieur, le domaine de l'intellect et celui de la sensibilité... des contraires organisés par la dualité entre l'homme et la femme. Ceci ne s'apparente pourtant pas à un simple phénomène culturel, puisqu'il est aisé de le transposer à notre propre société contemporaine : il suffit d'observer les effectifs des filières scientifiques ou littéraires pour faire l'expérience de cette même dualité sexuée. Les sciences dures seraient plus masculines, par rapport aux sciences molles, les sciences humaines, davantage féminines. Ainsi, il a été montré que toute société, même matriarcale, s'organise autour de la différence des sexes, faisant de l'ordre biologique un ordre social.

L'établissement d'une spécialisation symbolisée de la société autour des deux sexes rend donc nécessaire la fixation de son identité sur la question des sexes, afin de trouver sa place dans ce cadre. L'enjeu devient philosophique puisque, pour pouvoir penser, il est nécessaire d'être au clair sur son identité, et donc sur sa place, afin d'interroger cet espace mental.

 

Cependant, il convient de s'interroger sur la pertinence d'une identification individuelle fondée sur la différences des sexes.

 

  1. Si la différence des sexes n'a pas à être nécessaire dans la construction de sa propre identité, alors elle n'est pas davantage une question philosophique.

On a vu que la question des sexes dépassait celle de la différence biologique. Mais de quel droit ? Ce dépassement était-il nécessaire et incontournable ? Ceci ne semble pas évident et c'est pourquoi on peut interpréter ce processus comme une manipulation sociale qui fausse notre identification en amplifiant démesurément le rôle du sexe. Priscille Touraille, anthropologue, explique l'identification métonymique au sexe. Pourquoi fonder la totalité de son identification, jusqu'à son nom !, sur un seul de tous les organes du corps, un organe qui n'est pas même vital ? Il s'agit de maitriser la reproduction. Les hommes et les femmes, dans leur appellation, sont réduits à leurs rôles dans la conservation de l'espèce. Par ce procédé, leur conscience de leur rôle et de leur propre sexe est amplifié, d'où une différenciation des espaces, des activités, des comportements afin de favoriser le processus reproductif. Françoise Héritier parle de « valeurs différentielles des sexes ». S'il y a bien une différence sexuelle initiale, les caractères du féminin ou du masculin relèvent de choix arbitraires. Il n'y a aucun fondement à la douceur et la tendresse de la femme, pas plus qu'il n'y en a aux plaisirs de l'extérieur et de la mobilité de l'homme. Il suffit d'un peu d'observation pour remarquer les contre-exemples à ces deux propositions qui nous entourent.

De plus, l'idée d'un individu qui s'identifierait spontanément et librement au sexe qui est le sien n'a pas lieu d'être : il est placé d'emblée dans l'identité qui lui correspond avant même d'en avoir pris lui-même conscience. Pour Freud, le petit enfant est initialement « bisexuel », il n'a pas de représentations précises de son propre, n'a que des pulsions sexuelles brutes. Ces pulsions s'affinent progressivement par attraction ou répulsion selon l'environnement de l'enfant, et surtout ce qui lui est montré, en particulier par sa famille. Ainsi, lors du complexe d'Oedipe, l'enfant s'identifie à son père ou sa mère selon son sexe, mais Freud souligne le rôle de l'autorité du père : l'enfant n'a pas le choix de son sexe, ce sont ses parents qui lui apprennent à s'approcher ou à rejeter ce qu'il faut selon son sexe. Suite à cette identification, l'enfant prend conscience de son sexe et de sa différence par rapport à l'autre sexe, et il accède à l'ordre symbolique lié à la différence des sexes. Il prend ainsi sa place dans la société.

 

Il y a donc amplification d'une simple différence biologique due à la nécessité de la société de se conserver. La différence des sexes se trouve donc davantage constitutive de la société que de l'individu, et dès lors la question sociale dépasse la question philosophique. Cependant, notre société contemporaine vit l'avènement d'une véritable difficulté à se situer par rapport à la différence des sexes, individuellement ou socialement et ceci, loin d'amener une éventuelle libération philosophique ou sociale, semble plutôt conduire à un malaise identitaire.

 

  1. Ce flou qui semble désormais constitutif de la différence des sexes montre la nécessité de la poser en objet de la réflexion philosophique.

 

L'évolution de la société qui nous est contemporaine nous montre une ambiguïté, au sujet de la différence des sexes, qui mène à une indécision profonde : homo ou bisexualité, transsexuels, nouvelles interrogations éthiques et familiales autour des enfants présentant des anomalies génitales, expérimentation du sexe neutre... Avant même de s'interroger sur sa sexualité, la question de son sexe pose problème, qu'il s'agisse d'opposition ou d'adéquation à une sexualisation perçue comme imposée. L'usage du mot genre révèle le problème que pose le sexe. Grâce au mot genre, le sexe biologique est enfin séparé du sexe vécu, le malêtre provenant d'une inadéquation, voire seulement un questionnement, sur le rapport entre les deux. Pour Judith Butler, s'il n'y a que des constructions sociales, on peut choisir son genre, qui se détache alors complètement de la biologie. Mais est-ce si simple ? Les névroses, les refoulements que Freud traitait au début du XXe s. chez des hommes et des femmes malades dans la peau d'un sexe qui ne leur convenait pas, ces troubles psychiques laissent désormais place à un autre malaise, voire à la dépression, due à une incertitude fondamentale car, malgré tout, identitaire, induite par ce blocage qui nait d'un nouveau paradoxe : alors que la volonté de gommer toute différence des sexes se fait de plus en plus pressante, au nom de la liberté et de l'égalité, persiste pourtant la nécessité de se définir et de répondre de son identité, encore forgée sur son sexe, ne serait-ce qu'administrativement.

Cette immense liberté de l'indistinction, rêvée par le biais des genres et de la dé-complexion de la sexualité, se heurte ainsi à la nécessité fondamentale de construire son identité en particulier sur des faits, dont fait partie la différence des sexes. Il est impossible d'être tout ou de n'être rien, puisque l'identification du sujet, qui s'établit par distinction avec autrui, est condition et cadre de la pensée. Le sujet, ce n'est pas un autre, c'est moi. Je dois donc savoir qui je suis, moi, pour pouvoir penser et m'établir comme le référentiel de mes pensées. Charles Taylor, dans Le sources du moi. La formation de l'identité moderne explique cette « expérience douloureuse et terrifiante » qu'est la crise d'identité. Le sujet est perdu, désorienté dans l'espace sociale, morale, et même réelle. Pour penser, il faut un cadre nécessaire, et celui-ci passe par l'identification du sujet, c'est-à-dire soi-même. Cette identité se constitue par rapport à l'extérieur, par rapport à la différence que présente autrui, et le sexe en fait partie. La douleur de cette expérience, phénomène de notre société contemporaine, semble donc rendre nécessaire la prise en charge de cette question par la philosophie.

 

Face à l'abîme identitaire qu'a ouvert le questionnement sur la différence des sexes, et le refus de cette différence si elle est imposée qui a pu être donnée pour réponse, il semble nécessaire que la philosophie se penche désormais sur cet objet, d'autant plus que la question de l'identité du sujet est une condition du sujet pensant.

 

Publicité
Publicité
17 mai 2012

Le goût du risque

 

Le goût du risque

 

........

17 mai 2012

Ce matin

 

ce matin

 

Que celui qui n'a jamais eu mal le lendemain me jette la première pierre.

17 mai 2012

Passer une khôlle

Passer une khôlle 1

Passer une khôlle 2

Beh oui, j'étais un peu obligée, quand même....

 

Je me dis que, dans le fond, le pire, c'est qu'on l'a choisi.

17 mai 2012

Ce moment où...

 

Ce moment

 

Je ne sais pas : 

1. Si c'est lisible.

2. Si vous avez déjà vécu ça.

Publicité
Publicité
15 mai 2012

Depuis.

 

depuis

 

Ceci, je crois, se passe de commentaire. RESTEZ CHEZ VOUS !! 

15 mai 2012

Glowp.

P5150030

Weirdest soup ever. 

15 mai 2012

Bouvines

 

Bouvines

 

Et voici le paroxysme de mon désespoir : en être réduite à faire des BD sur mes colles d'histoire pour tenir le coup. Argh.

15 mai 2012

La vie et les choses simples

 

LAvie

 

L'humour, nous dit Claudel, est encore plus tragique que le tragique. Je ne sais pas pourquoi.

15 mai 2012

Aujourd'hui

 

Aujourd'hui

 

NB: Ce n'est pas vraiment aujourd'hui qu'on a eu cette réunion. Mais quand j'ai fait ce dessin, c'était  aujourd'hui.

Publicité
Publicité
1 2 > >>
WHO CARES ?!
Publicité
Archives
Publicité